On l’a dit, Jacques Muglioni n’a pour l’essentiel pas fait oeuvre, au sens littéraire du terme. C’est qu’il a fait de son enseignement le lieu central de son travail philosophique. En ce sens, il n’a pas cherché un public, mais a voulu n’avoir que des élèves, et des collègues. Cette humilité apparente exprime en réalité une ambition supérieure. Car les succès littéraires ou médiatiques ne touchent que superficiellement l’intelligence d’autrui. L’enseignement vivant possède une toute autre portée.
C’est que le lien qui relie un professeur à ses élèves est irréductible à ce que toute institution scolaire prescrit nécessairement. Lorsqu’un enseignement véritable a pu être transmis, ses résultats ne sauraient en effet se limiter à l’obtention d’un diplôme ou à la réussite d’un concours. La trace laissée est celle d’un chemin à prendre soi-même, loin de toute servile imitation ou de tout enfermement dans l’orthodoxie d’une “doctrine”. Elle donne l’idée d’un possible pour soi, et éveille à une exigence dont il appartient à chacun de se montrer digne par la suite. Le maître n’est pas un directeur de conscience, mais un éveilleur.
Les textes réunis ici montrent ainsi en quoi Jacques Muglioni n’a pas été pour ses élèves, pour ses collègues, mais aussi pour les lecteurs de ses rares ouvrages, platement un “modèle” à suivre, mais bien un exemple de ce que peut la pensée et l’intelligence lorsqu’elle se donne librement, avec rigueur et courage. Leçon autrement plus fertile. Car la trace laissée par un professeur n’est profonde qu’en ce qu’elle indique à chacun un chemin de perfectionnement et une responsabilité propre et, en nous délivrant des lieux communs du temps ou des opinions que l’on respire avec lui, nous rend à notre propre singularité.
La diversité des témoignages rassemblées ici, comme des trajectoires de ces témoins, en atteste.
Ecrits sur Jacques Muglioni :
À Jacques Muglioni, Jacques Billard, texte publié dans la Revue de l'enseignement philosophique, 46e année, n°3, janvier-février 1996, pages 73-74.
Hommage à Jacques Muglioni, Bernard Bourgeois, allocution prononcée au lycée Henri IV, à Paris, au début de l’année 1996.
Hommage, Bernard Bourgeois, texte publié dans le Bulletin de la Société française de philosophie n°1996 90 1.
Sur Jacques Muglioni, René Chiche, extrait de La désinstruction nationale, Chapitre 12, Les boutons de manchettes, page 186, Ed Ovadia, 2020.
Eloge de nos maîtres, Régis Debray, extrait des Préaux de la République, Minerve, 1991.
Jacques Muglioni et l’école, Jean Lechat, texte publié dans la Revue de l’enseignement philosophique, 46e année, n°3, janvier-février 1996 pages 78-82.
Sapere Aude, Jean Lefranc, texte publié dans la Revue de l'enseignement philosophique, 46e année, n°3, janvier-février 1996.
Hommage à Jacques Muglioni, Georges Pascal, texte publié dans la Revue des amis d’Alain n°81, juillet 1996, pages 82-84.
Jacques Muglioni, Jean-Louis Poirier, texte publié dans Deux cents ans d’Inspection générale, Jean-Louis Poirier, Fayard, 2002.
La mort du philosophe Jacques Muglioni, Philippe Soual, texte publié dans Corse Matin, sans doute en janvier 1996.
Jacques Muglioni, un citoyen incommode, Joêl Wilfert, texte publié dans les Cahiers philosophiques, n° 68, octobre 1996, CNDP, pages 59 à 62.
Recensions de l’école ou le loisir de penser
L’école ou le loisir de penser, 2ème édition, Minerve, 2017.
Recension par Alain Billecoq, texte publié dans Les Cahiers Rationalistes, n°651, novembre-décembre 2017.
Recension par Henri Dilberman, texte publié dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger, 2018/2 (Tome 143), « Analyses et comptes rendus », p. 247-304.
Recension par Frédéric Dupin, texte publié dans Le Philosophoire, 2018/2, n°50, pages 201 à 210.
L’école ou le loisir de penser, 1ère édition, CNDP, 1993.
Recension par Edith Fuchs, texte publié dans la Revue philosophique de la France et de l’étranger, T. 185 n°1, janvier-mars 1995, pages 113-114.
Nous remercions les auteurs de ces textes ne nous avoir autorisés à les publier ici.