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Lire Descartes

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« ET SI J’ÉCRIS EN FRANÇAIS, QUI EST LA LANGUE DE MON PAYS, PLUTÔT QU’EN LATIN, QUI EST CELLE DE MES PRÉCEPTEURS, C’EST À CAUSE QUE J’ESPÈRE QUE CEUX QUI NE SE SERVENT QUE DE LEUR RAISON NATURELLE TOUTE PURE JUGERONT MIEUX DE MES OPINIONS QUE CEUX QUI NE CROIENT QU’AUX LIVRES ANCIENS. ET POUR CEUX QUI JOIGNENT LE BON SENS AVEC L’ÉTUDE, LESQUELS SEULS JE SOUHAITE POUR MES JUGES, ILS NE SERONT POINT JE M’ASSURE SI PARTIAUX POUR LE LATIN, QU’ILS REFUSENT D’ENTENDRE MES RAISONS POURCE QUE JE LES EXPLIQUE EN LANGUE VULGAIRE. »

DESCARTES, DISCOURS DE LA MÉTHODE, SIXIÈME PARTIE.

 

Publié en 1637 – soit quatre ans avant les Méditations métaphysiques qui seront elles écrites en latin –, Le Discours de la méthode s’adresse moins aux savants qu’aux hommes de bon sens. Cette oeuvre est comme la biographie intellectuelle de Descartes : le philosophe y relate l’histoire de son esprit, ou « comment Descartes est devenu cartésien ». Aussi le Discours commencera-t-il par raconter les déceptions et les doutes du jeune Descartes, qui fut l’élève peu ordinaire du Collège de la Flèche avant de parcourir le grand livre du monde. Mais, si l’histoire de Descartes mérite d’être lue, c’est parce qu’elle est d’abord celle d’un esprit et qu’elle s’adresse ainsi à tous les esprits. Il ne faut donc pas s’y tromper : le « je » autobiographique n’a d’intérêt que parce qu’il engendre un « je » philosophe. 

La vérité est universelle et intemporelle, mais la découverte de la vérité est toujours personnelle et particulière : rien n’est moins désincarné que la pensée et rien n’est moins abstrait que le chemin qu’elle doit accomplir pour se délivrer de l’erreur et du préjugé. La recherche de la vérité demeure une tâche que personne ne peut accomplir à notre place, ce qui ne signifie pas que nous n’avons pas besoin d’y être invités par des esprits comme celui de Descartes. 

 

NOTE SUR LE COURS PUBLIÉ

Cet atelier de lecture, animé par Aurélie Ledoux durant l'année scolaire 2012-2013 de l'Université Conventionnellecomporte 9 séances. On trouvera sur la page du cours l'ensemble des notices et des textes étudiés. Les podcasts des séances sont également disponibles sur notre compte Soundcloud sous forme de liste de lecture.

Distinctions élémentaires en philosophie

Peut-être le tout de la philosophie ne consiste-il qu'à bien entendre ce que la langue commune exprime constamment, loin de tout raffinement scolastique. Ce cours constitue ainsi une introduction à la philosophie prenant pour guide la richesse de la langue et de ses usages.

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A quoi bon philosopher en effet, si c’est pour demeurer prisonniers de notre confusion ordinaire ? Rien n’est donc plus urgent ni plus difficile que de distinguer par exemple l’égalité dont traitent les mathématiques et celle qu’affirme la Déclaration des droits de l’homme, la culture au sens où l’on parle d’un homme cultivé ou de culture physique, et la culture au sens que la sociologie donne à ce terme : au même terme peuvent correspondre comme ici deux concepts qui n’ont en commun que le nom. Travail élémentaire sans lequel la lecture des philosophes, au lieu de nous apprendre à penser, risque d’être seulement la recherche de doctrines fumeuses. Apprendre à philosopher n’est pas apprendre les pensées d’hommes célèbres, mais apprendre à voir clair dans ses propres pensées, ce qui suppose un travail permanent de distinction – et nous découvrirons que les grandes philosophies ne cessent de faire ce travail : nous y trouverons nos propres pensées et non des doctrines étrangères. 


Nous prendrons pour point de départ une page d’Epictète. La suite dépendra des interventions des participants lors de la seconde partie de la séance : je verrai alors quelles sont les distinctions qu’ils veulent particulièrement considérer et la séance suivante permettra de les examiner ou de montrer pourquoi je ne les retiens pas. Et nous recommencerons chaque fois à préparer la séance suivante à la fin de la précédente.

 

Note

Ce cours a été dispensé par Jean-Michel Muglioni entre octobre 2009 et décembre 2010 au sein de l'Université Conventionnelle. Il comporte 16 séances accessibles et écoutables sur la page de Jean-Michel Muglioni sur Septembre.

 

Lire Balzac

"Balzac guérit de misanthropie ; c'est à cela qu'il est bon, par tous ces génies, enchaînés, en bas, en haut, partout inventeurs et poètes, et pensant selon leur forme et selon la pierre d'angle. Les bien comprendre, c'est toute l'affaire, et pardonner va de soi. J'ai remarqué que, même pour penser vrai des hommes, il faut les aimer de cette rude manière que Balzac nous apprend." Alain, Avec Balzac.

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De Balzac, que nous reste-t-il en notre vie d'adultes? Quelques souvenirs d'écoles, de vagues figures, et des lieux communs que nous ne poussons guère, par la force des choses. Bien peu sans doute, pour qui ne fait profession de lire. 

Mais pour qui voudrait se donner du champ, pour qui voudrait se donner le temps de lire en toute indifférence à la foire aux livres et aux "rentrées littéraires", que peuvent encore nous dire les noms de Rastignac, Goriot, Chabert, ou Vandenesse? Que peuvent-ils nous apprendre qui justifie l'admirable unité, l'admirable continuité de l'oeuvre ? 

Entre 2010 et 2012, l'Université conventionnelle organisa une dizaine d'ateliers autour de la Comédie humaine. Le principe était simple : se donner six semaines pour lire un roman choisi ensemble, puis se retrouver pour présenter une lecture et en discuter.

On trouvera sur Septembre les notices et les enregistrements des six séances assurées alors par Frédéric Dupin