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Art et politique

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Quels effets politiques le cinéma a-t-il sur nous ?

Il ne s’agit pas de se demander ce que devient l’art lorsqu’il se mêle explicitement de politique mais bien plutôt d’envisager qu’il possède de fait une dimension morale et politique. La difficulté pour l’artiste serait donc moins de parvenir à être un «auteur engagé» que de comprendre qu’il ne peut jamais légitimement prétendre au complet désengagement, à la neutralité ou surtout à la frivolité, cette dernière n’étant que l’étiquette en apparence légère que l’on colle au parti pris le plus lourd de sens : fonder la valeur de l’art sur son innocuité et réduire sa signification à une fonction de délassement. Car si l’on comprend bien tout ce qu’une économie gagne à faire de l’art un moyen supplémentaire de renouveler les forces du travailleur, suffit-il de ne vouloir que plaire pour ne rien dire ?

Pour Rousseau, qui anticipe en cela sur nos courbes d’audience, c’est précisément parce que le théâtre devait plaire pour subsister qu’il était condamné à reconduire les valeurs et les préjugés de son temps. Plus près de nous, Hubert Damisch remarque que le cinéma est exemplaire des effets que l’art en général « est susceptible de produire, éventuellement à leur insu, voire à leur corps défendant, sur ceux-là même qui affirment n’y chercher qu’un simple divertissement » («Au risque de la vue», Peinture Cinéma Peinture). 

La question de la dimension éthique et politique de l’art – ou par conséquent la remise en cause de la valeur inconditionnée des œuvres artistiques – ne vaut que pour celui qui prend l’art au sérieux. 

 

Le cours se compose de huit séances qui se sont tenues dans le cadre de la seconde année d'enseignement de l'Université Conventionnelle, entre février et décembre 2010. On trouvera sur Septembre  l'ensemble des cours, ainsi que les documents afférents.

Lire Spinoza

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Ce cours a pour but de rendre plus aisée la lecture de l'oeuvre de Spinoza, en reformulant les principales questions qui animent sa pensée. Nous choisirons comme fil conducteur son interrogation sans doute la plus essentielle, la question proprement « éthique » : comment libérer l'homme de ce que Spinoza appelle sa « servitude » ?

Nous tâcherons de suivre ce problème au gré de nos lectures, depuis sa position dans le Traité de la réforme de l'entendement et le Traité théologico-politique, jusque dans son développement et sa résolution dans L'éthique. Nous tenterons de faire apparaître le lien intrinsèque que Spinoza établit entre la liberté et le savoir, entre la puissance d'agir et la puissance de penser. 

Cette lecture de Spinoza consiste en 5 séances que Julien Douçot a animées entre octobre 2009 et janvier 2010 à l'Université Conventionnelle. On trouvera sur la page du cours les notices renvoyant aux extraits commentés en cours, ainsi que les enregistrements audio des séances, également accessible sur notre compte soundcloud.

Lire Platon

« Voulez-vous prendre une idée de l’éducation publique ? Lisez la République de Platon. Ce n’est point un ouvrage de politique, comme le pensent ceux qui ne jugent des livres que par leur titre. C’est le plus beau traité d’éducation qu’on ait jamais fait. Quand on veut renvoyer au pays des chimères, on nomme l’institution de Platon. Si Lycurge n’eût mis la sienne que par écrit, je la trouverais bien plus chimérique. Platon n’a fait qu’épurer le cœur de l’homme, Lycurge l’a dénaturé. » Rousseau, Emile livre I.

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Le présent cours entend guider l’auditeur dans une lecture méthodique de l’œuvre de Platon. Si nous espérons pouvoir à cette occasion partager le plaisir que donne encore ce texte indémodable, il s’agira également pour nous d’y méditer le paradoxe que décrit Rousseau au début de son Emile

 

Le paradoxe politique


Les hommes sérieux tiennent en effet souvent la politique pour un art subtil où les idées embarrassent. Le « réalisme » courant vante ainsi à peu de frais le pragmatisme et le scepticisme des hommes d’action, tout en riant de l’aveuglement des penseurs, perdus dans la recherche des principes. Sous ce rapport, la cité idéale de Platon a acquis en quelque sorte la réputation de symbole : germe de toutes les utopies, ne fait-on pas d’elle désormais le ferment de toutes les dérives meurtrières ? L’air est bien connu. 

Pourtant, le spectacle du monde, toujours renouvelé, témoigne assez de l’impuissance des hommes de gouvernement pour éveiller l’attention. Car l’illusion du politique consiste justement à croire qu’on peut instituer l’ordre et la justice sans s’occuper de former des hommes aimant réellement ceux-ci. Nulle réforme, nulle révolution ne dispense d’éduquer.

Aussi les idées, et jusqu'aux longues et tortueuses discussions sur les principes et les raisons,  sont-elles en politique non les guides de l'action immédiate, mais bien la condition de la justice et de la santé du peuple. Car sans instruction du peuple les meilleures institutions ne pourront rien. Et l'indifférence du politique à l'égard des idées et des exigences de la pensées, en laissant dégénérer les sociétés jusqu’à la pure barbarie, prépare alors le retour des tyrans. 

Mais parce que Platon n’explique le mal universel que par le jeu des passions en l’individu même, et d'abord de notre commune ignorance, le tout au mépris des analyses de conjonctures, il nous invite surtout à comprendre que nulle paix ne se fera entre les hommes si l’on ne sait d’abord faire la paix en soi. En ce sens, la pensée et le dialogue constitueraient la vraie puissance et la vraie politique. 

De là cette absence de respect propre à l’examen socratique, qui, bousculant toutes les institutions (État, famille, armée…), entend surtout dégager l’esprit de la fascination pour les affaires communes, et lui ouvrir la voie de l’ironie et de la liberté.

 

Une lecture suivie

Ce cours a été dispensé par Frédéric Dupin entre octobre 2008 et janvier 2013 dans le cadre des programmes de l'Université Conventionnelle. Il comporte une cinquantaine de séances parcourant l'essentiel des grands moments du texte platonicien.

On trouvera ici les notices et enregistrements de ces travaux, divisés en cinq "saisons" abordant chacune une partie de l'ouvrage.