Nous republions aujourd’hui le dernier cours donné par Jean-Michel Muglioni à l’Université conventionnelle, et qui clôtura de fait nos activités associatives. Laisser ainsi le dernier mot à Alain n’était pas un mauvais choix.
N’a-t-on pas souvent justifié l’indifférence à l’égard de son oeuvre par la réduction de sa pensée à celle d’un “professeur”, comme si c’était là tourner le dos à la profondeur des “créateurs”? N’a-t-on pas de même trop souvent regardé les célèbres propos comme des exercices littéraires? Là encore comme s’il fallait voir dans une écriture exigeante, variée, mais toujours claire, une marque d’infériorité. D’Alain, il semble que nombreux sont ceux qui ont quelque chose à dire, sans pourtant l’avoir lu sérieusement.
Jean-Michel Muglioni, en dépliant un aspect de sa pensée, celle qui part des paradoxes inhérents à l’expérience de l’imagination et de la perception, invite à surmonter ces préventions, savantes ou non, qui en définitive barrent l’accès à une oeuvre essentiellement tournée vers l’instruction d’autrui et la liberté de penser. Le cours permet en effet de comprendre en quoi le jeu des signes et de la pensée, déjà entièrement présent dans la perception commune, est en lui-même riche d’une politique et d’une religion. Il suffit de bien méditer le spectacle courant.
Seulement Alain rappelle à qui veut le lire que la philosophie est affaire de travail personnel, et comme tout travail, il suppose que l’apprenti accepte de suivre un moment le maître. La confiance fait tout ici et chacun peut la refuser, ou passer à autre chose. Toutefois, en se mettant à l’école d’Alain, il sera peut-être possible d’apprendre réellement un peu de philosophie, ce qui a tout prendre vaut bien que de parler beaucoup des philosophes. Or sortir les auteurs des conversations cultivées pour permettre au plus grand nombre d’en éprouver la richesse, pour soi-même, n’était-ce pas en définitive le projet de notre association?