Politique

Art et politique

ap071025011546_wide-1481e9f02dce18f8dc6404186e14704b2ca97e8a-s900-c85.jpg

Quels effets politiques le cinéma a-t-il sur nous ?

Il ne s’agit pas de se demander ce que devient l’art lorsqu’il se mêle explicitement de politique mais bien plutôt d’envisager qu’il possède de fait une dimension morale et politique. La difficulté pour l’artiste serait donc moins de parvenir à être un «auteur engagé» que de comprendre qu’il ne peut jamais légitimement prétendre au complet désengagement, à la neutralité ou surtout à la frivolité, cette dernière n’étant que l’étiquette en apparence légère que l’on colle au parti pris le plus lourd de sens : fonder la valeur de l’art sur son innocuité et réduire sa signification à une fonction de délassement. Car si l’on comprend bien tout ce qu’une économie gagne à faire de l’art un moyen supplémentaire de renouveler les forces du travailleur, suffit-il de ne vouloir que plaire pour ne rien dire ?

Pour Rousseau, qui anticipe en cela sur nos courbes d’audience, c’est précisément parce que le théâtre devait plaire pour subsister qu’il était condamné à reconduire les valeurs et les préjugés de son temps. Plus près de nous, Hubert Damisch remarque que le cinéma est exemplaire des effets que l’art en général « est susceptible de produire, éventuellement à leur insu, voire à leur corps défendant, sur ceux-là même qui affirment n’y chercher qu’un simple divertissement » («Au risque de la vue», Peinture Cinéma Peinture). 

La question de la dimension éthique et politique de l’art – ou par conséquent la remise en cause de la valeur inconditionnée des œuvres artistiques – ne vaut que pour celui qui prend l’art au sérieux. 

 

Le cours se compose de huit séances qui se sont tenues dans le cadre de la seconde année d'enseignement de l'Université Conventionnelle, entre février et décembre 2010. On trouvera sur Septembre  l'ensemble des cours, ainsi que les documents afférents.

Une lecture de l'opuscule de Kant Qu'est-ce que les Lumières? (1784)

Qu'est-ce que les Lumières? constitue une lecture incontournable à plus d'un titre. Revendication tranchante de la liberté de conscience et d'expression, le bref article de Kant appartient d'abord indéniablement à la poignée de classiques de l'émancipation humaine.

Mais par sa brièveté et sa netteté, le texte a également trouvé une place plus prosaïque parmi les oeuvres les plus souvent étudiées en Terminale. La classe y trouve en effet une introduction à la philosophie elle-même, en ce qu'elle lie nécessairement la liberté humaine et l'instruction, et une réflexion profonde sur l'ordre politique. Jusqu'où peut aller la loi? La religion est-elle fondée à inspirer le législateur ? Que devons-nous aux autres ? Telles sont quelques unes des questions que soulèvent l'oeuvre et que le lecteur méditera à sa suite.

A la fois vade mecum de la liberté de l'esprit et interrogation sur les droits que l'Etat possède sur les consciences, ce texte mérite ainsi mieux que sa réputation de lieu commun scolaire. Cette lecture suivie se proposera du moins d'en convaincre le lecteur.

Note

Ce cours a été dispensé sous des versions diverses par Frédéric Dupin en classe de Terminale en 2004-2005, 2007-2008 et 2016-2017. 

Lire Tocqueville

Nous proposerons dans ce cours une lecture suivie de l’ouvrage d’Alexis de Tocqueville (1805-1859), De la Démocratie en Amérique (1835 et 1840), qui servira de support à une réflexion collective sur la démocratie aujourd’hui. Il ne s’agira donc pas tant de rendre compte de l’œuvre dans son ensemble ni de sa place dans l’histoire des idées, même si ces points seront abordés incidemment, que de nous attacher à une lecture précise d’un « classique » de la science politique pour en éprouver l’intacte fécondité intellectuelle. 

Le travail s'appuiera sur l'édition courante, GF - Flammarion, de 1981, en 2 volumes, introduction par François Furet. Une version du texte libre de droits est également disponible en ligne et pourra être consultée aisément ici.

 

Pourquoi lire Tocqueville aujourd'hui?

Les références à Tocqueville et à cet ouvrage sont très nombreuses dans le champ universitaire et politique, mais il est rare de trouver des commentaires méthodiques du texte et de ses enjeux. Souvent même les citations qu’on en fait se retrouvent coupées de leur contexte et peuvent prêter à contresens. 

Or, comme le dit Tocqueville lui-même dans son introduction : « Ceux qui voudront y regarder de près trouveront, je pense, dans l’ouvrage entier, une pensée mère qui enchaîne, pour ainsi dire, toutes ses parties. » (p.71) Nous proposerons donc une lecture complète de l’ouvrage afin de tenter de bien comprendre la pensée de Tocqueville et ses implications. Nous tenterons de montrer notamment dans quelle mesure les réflexions de Tocqueville sur la démocratie nous permettent de comprendre nos sociétés actuelles. 

L’ouvrage d’Alexis de Tocqueville  entend en effet avant tout « instruire la démocratie »(Introduction, p.61), c’est-à-dire à la fois ceux qui gouvernent les sociétés démocratiques, mais aussi ceux qui vivent sous ce gouvernement : 

« Instruire la démocratie, ranimer s’il se peut ses croyances, purifier ses mœurs, régler ses mouvements, substituer peu à peu la science des affaires à son inexpérience, la connaissance de ses vrais intérêts à ses aveugles instincts ; adapter son gouvernement aux temps et aux lieux ; le modifier suivant les circonstances et les hommes : tel est le premier devoir imposé de nos jours à ceux qui dirigent la société. Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau » (Introduction, p.61-62). 


Dans une société démocratique, les principes d’égalité de conditions et de souveraineté populaire font de chacun de nous ces dirigeants de la société qu’évoque Tocqueville et auxquels il tente d’apporter quelque lumière sur la marche de notre monde. Il est donc toujours temps de continuer à nous instruire avec lui.

 

Note

Ce cours a été donné par Francisco Roa bastos à l'Université Conventionnelle, entre novembre 2008 et mars 2009. Il comporte 7 séances et de nombreux documents accessibles sur la page de son auteur.