Note sur le scepticisme antique

 
 


Certains des philosophes sceptiques de l’antiquité furent des hommes d’action ou d’excellents fonctionnaires. Par exemple Carnéade (Cyrène, vers 219 av. J.-C. – Athènes, 128 av. J.-C) fut chargé en 156 av. J.C.) d'une ambassade à Rome avec le stoïcien Diogène de Babylone et le Péripatéticien (l’aristotélicien) Critolaos, pour faire exempter les Athéniens de l'amende reçue pour le sac d'Orope (30 km au nord d’Athènes, port en face de l’île d’Eubée).

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Nous connaissons certains arguments sceptiques de Carnéade par Lactance, rhéteur né vers 250, mort vers 325, dont l’œuvre est une apologie du christianisme. Divinae institutiones (Institutions divines) 5,14 ; 5,17 ; épitomé (abrégé) 50,8). Beaucoup de textes anciens perdus nous sont connus indirectement par ce qu’en ont dit les auteurs chrétiens qui les citait pour les réfuter. Lactance raconte donc à propos de la rencontre de Carnéade avec Caton l’Ancien que le sceptique avait argumenté pour la justice le premier jour, et que le lendemain, il tint exactement le discours inverse, réfutant avec autant de force la justice qu'il avait louée la veille. Caton en aurait été effrayé. Par là le sceptique ne fait pas preuve de mauvaise foi : il veut montrer que sur toute chose il est possible de prouver tout ce qu’on a réfuté et de réfuter tout ce qu’a prouvé, de telle sorte qu’il est impossible de se prononcer entre les thèses en présence.

C’est Caton l’Ancien ou le censeur, qui a convaincu les romains qu’il fallait détruire Carthage : delenda est Carthago - il faut détruire Carthage ; c’est l’arrière grand-père de Caton d’Utique l’opposant à César.  

Note

Ce texte vient apporter des précisions sur la seconde séance, consacrée au scepticisme, de l'atelier de Jean-Michel Muglioni "Distinctions élémentaires".